Si je prends le clavier en cette fin de début de soirée de début de fin d'été, ce n'est pas pour vous parler de ping. Non, si j'écris aujourd'hui, c'est parce que je suis très énervée enthousiaste à l'idée de partager avec vous les excellentes nouvelles de la rentrée, et notamment ce grand moment de télévision auquel vous avez peut-être assisté le lundi 3 septembre, je veux bien entendu parler du JT de la èrtébéïèffe et de son présentateur vedette: le bien heureux François de Brigode! Bien heureux mais néanmoins incapable de prononcer correctement le mot «re-por-ta-ge»: «et main'ant, le r'portââch' exclusif de not' envoyé spécial à Planckendaaaael».
Mon cher François, c'est devant un public hurricanien en délire que j'ai l'honneur de te décerner la palme de l'humour. Ce prix te revient car le 3 septembre, François, tu nous as annoncé, petit sourire en coin (coquinou), ton sujet foireux du jour: «la rentrée des classes».
Oh mon Dieu, quoi, mais que se passe-t-il? La rentrée des classes?! Si François aborde un sujet aussi banal dans son journal, c'est que ledit sujet n'est pas si banal que ça et que je vais apprendre plein de choses, que François va me montrer une famille extraordinaire qui mérite les quelques minutes d'attention médiatique qui lui sont accordées grâce à nos impôts, une famille qui me fera découvrir de nouveaux horizons et me permettra d'arrêter, pendant 5 minutes, de tourner autour de mon petit nombril. Une mère célibataire de 3 enfants reptiliens venus du système de l'étoile Sirius? Un couple de drag queens avec des octuplés androgynes? Une famille digne d'un sujet digne d'un JT digne de ce nom, non?
Et bien c'était apparemment trop demander... Mon cher François, la grandeur de ma déception fut hélas équivalente à la profondeur abyssale de ma naïveté. Ce 3 septembre, en effet, tu nous as parlé d'un papa et d'une maman (d'une banalité affligeante à notre époque), parents de deux petits bambins a-do-ra-bles (là, je suis tout-à-fait sérieuse) et scolarisés dans une école des quartiers difficiles (là, je le suis beaucoup moins) d'Uccle, dont la seule bêtise de la rentrée aura été de faire un excès de vitesse à trottinette sur le chemin de l'école. Et François de nous parler de leur journée, qui commence à 07h00 autour du petit-déjeuner (à l'heure où nous sommes déjà nombreux dans les bouchons) et qui se termine à 15h30 à la sortie de l'école (à l'heure où nous sommes à peine moins nombreux à toujours tenter de nous extirper des bouchons du matin). Alors ça pour une nouvelle, François, c'est du lourd, de la grosse analyse, du CNN à la belche, du traitement médiatique de pro, de la mise en perspective comparative internationale grandiose, bref, de la matière à réflexion comme on l'aime!
François............. Sérieux?
C'est absolument incroyable. *Je* suis absolument incroyable. Chaque année, c'est la même rengaine et, chaque année, je me fais avoir: je m'obstine à vouloir regarder le sujet foireux du JT de François dans l'attente d'une véritable nouvelle qui n'arrive jamais! Un peu comme quand je m'obstine à vouloir tirer une porte alors que j'ai bien lu «Poussez» et qu'elle ne s'ouvre jamais. Incroyable, non?
Envahie par un léger sentiment de «ne se moquerait-on pas un peu de ma binette», j'ai finalement boudé le JT de François pour me rabattre sur la presse en ligne. C'était sans anticiper le cri de douleur extrême la deuxième excellente nouvelle qui m'attendait au bout du clic. Après le sujet foireux du jour, j'ai découvert le sondage foireux du jour: «faut-il modifier la règle concernant l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir?», avec en chapeau: «La rentrée est l’occasion d’interroger les dogmes et les absurdités de la langue française.»
«Les dogmes et les absurdités»?... Wablief?!?... Yyieek, objection! Je m'insurge, j'exige un vote à Westminster, qu'on m'envoie les Casques bleus! Non, mieux: la mooort, viens me chercher.
Je vous ferai grâce de mon avis sur la suppression proposée de la règle décriée et vous épargnerai la liste non exhaustive des ambiguïtés qu'elle permet, ô richesse, de lever mais permettez-moi juste de dire une toute petite chose: la seule et unique absurdité dans cette histoire consiste à demander leur avis à des lecteurs de journaux en ligne dont, pour la plupart (mais pas tous mais la plupart quand même), le niveau de français ne dépasse pas «Oui-Oui et ses amis», j'en veux pour preuve la qualité des commentaires postés. Un peu comme si le directeur d'un grand magasin demandait à des kleptomanes de voter pour ou contre les antivols. Ouate de phoque?
Manquerait plus qu'on m'impose d'appliquer la réforme de l'orthographe ou l'écriture inclusive pour satisfaire tou·te·s les lecteur·trice·s assidu·e·s et érudit·e·s de notre site (inutile de régler votre écran, l'impression de ne plus savoir lire est entièrement normale) et je suis bonne pour me jeter dans le canal.
Je conclurai ce billet de mauvaise humeur en vieux françois (devenu synonyme de «français» tout court pour certains): le 3 septembre, que ce soit à la télévision ou dans la presse en ligne, les journalistes ne nous ont parlé ni des enfants qui vivent dans les bidonvilles de Delhi, ni des petites filles privées de scolarité au Cambodge, ni des ravages du crack sur le cerveau des jeunes Colombiens, certainement pas des orphelins du Kivu et encore moins de l'utilité de s'interroger sur les conséquences de mesures arbitraires qui, sous couvert de modernité et d'évolution, ne cachent en réalité rien d'autre qu'un nivellement par le bas.
Non, le 3 septembre, tout cela avait disparu comme par magie de la surface d'une Terre surpeuplée et en mal de ressources, et moi, j'ai été me coucher, sourire crétin en coin (ça fait moderne), bien heureuse d'apprendre que l'Homo sapiens, comme il aime à se définir, va beaucoup mieux car c'est la rentrée et qu'on nous a préparé plein de nouveautés!
Et comme c'est la rentrée et qu'il faut tout de même que je parle un peu de ping dans cet article, n'oubliez pas que les entraînements ont repris, que nous avons un tournoi de doubles ce vendredi et que les interclubs recommencent la semaine prochaine!! Enfin une vraie bonne nouvelle. Je revis.
Bise sur tes fesses bronzées, et belle saison 2018-2019!
Allez Hurricane!
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